Jean-Christophe Geluck
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« Peinture »
Exposition du 19 janvier au 3 février 2013 samedi et dimanche de 14h à 18h
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Jean-Christophe Geluck né dans une famille amie des arts a très
jeune pu développer son goût du dessin et de la peinture sous le
regard bienveillant de parents sensibles et engagés. D'après ses dires, l'artiste a toujours un crayon, un feutre à
ses côtés et ce, où qu'il soit en dehors de son atelier. Cette
impulsion créatrice est telle que même au volant de sa voiture,
lors des attentes forcées, des « carnets de route » lui
tiennent lieu de changement de vitesse ! Jean-Christophe
Geluck a cette faculté de s'extraire du monde agité pour entrer à
loisir dans son univers. Il a pu tirer parti de ses talents en les investissant dans son
métier de graphiste depuis près de 40 ans. Là, nous le percevons
également en funambule des mots. Si beaucoup le connaissent et
reconnaissent dans sa veine créatrice professionnelle de haut vol,
peu imaginent son monde pictural. Discret, modeste, opiniâtre il
n'a que très peu exposé lors de manifestation de groupes.
Aujourd'hui, c'est donc à un événement privilégié qu'Espace B vous
convie. Une première exposition personnelle après tant d'années de
retraite silencieuse attise notre curiosité et « rend
justice » à l'homme. La peinture et le dessin sont sa face cachée, sa zone de
lâcher-prise et d'abandon. Cette zone d'ombre secrète paraît
peuplée d'un monde où la morphologie humaine ou animale
transparaît toujours. Ces êtres nous sont suggérés sous l'emprise
de torsions, enchevêtrées, livrées à des forces mouvantes obscures
ou réduites à un membre pour seul élément identifiable. Si l'on
identifie ici un buste, là un animal, de par devers un crâne, une
tête... aucune volonté de l'artiste qui est le premier à les
découvrir. Cette face cachée pourrait paraître « noire » par le
choix de cette couleur de prédilection dominante conjointe à cet
univers mais la personnalité de l'artiste semble, en balancier,
contredire cette impression d'un monde peu « aimable ».
Jean-Christophe Geluck utilise l'huile sur papier de riz marouflé
sur toile à l'occasion. De larges zones « raclées »
donnent à ses noirs des espaces de gris de toutes nuances et
laissent apparaître de larges trouées blanches donnant souffle,
respiration, horizon et profondeur à cet univers qui pourrait vite
paraître clos, voire inquiétant et nous cerner. L'artiste dépose
son médium pour aussitôt le soustraire au support,
« l'écorcher ». Des gestes proches de ceux du graveur...
qui nous livre une peau malmenée sans nous révéler l'âme qui en
habite l'être. Dans la plupart de ses peintures, on retrouve une
constante dans un mouvement de « rotation » qui donne
vie à ces sujets qui se créent au gré du pinceau. Dans certaines,
un monde cosmique s'élabore sous nos yeux. Dans d'autres oeuvres,
il s'agit d'un monde souterrain parfois inquiétant. Les formes
naissent d'elles-mêmes, intuitivement. C'est la peinture et ses
retraits qui leur donnent vie. Quelques fois l'ajout de bleu ou de
rouge traité en surimpression des noirs apparaît sans toutefois
modifier les préoccupations de l'artiste. Cette peinture exprime un cri muet dans un silence sidéral et ne peut nous laisser indifférent. Notre regard cherche à identifier, s'arrête, sursaute, passe outre et revient obstinément à la recherche de signifiant. Notre cerveau s'enchevêtre à l'orée de mondes profondément ancrés dans nos mémoires mais qui semblent aux confins des possibles. Vision prémonitoire d'un artiste, à l'écoute du monde qui nous héberge où se meut une lente perdition, d'un demain où les êtres et les choses devront se réinventer et renaître avec de nouvelles énigmes? Mais n'est-ce pas le propos de chaque artiste? Une úuvre forte à découvrir absolument! Chantal Bauwens |
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2012 - 22 x 19,5 cm |
2012 |
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